En partenariat avec l’Atelier Genre(s) & sexualité(s) de l’ULB, nous sommes heureuses d’accueillir Sylvie Tissot à propos de son livre “Gayfriendly. Acceptation et contrôle de l’homosexualité à Paris et à New York” publié chez Raisons d’agir.
Sylvie Tissot est professeure de science politique à l’Université Paris 8. Après avoir écrit un livre sur l’histoire de la catégorie de
«quartier sensible» en France, elle a mené une recherche sur la
mobilisation des classes supérieures pour la « diversité » aux
États-Unis, qui a été publiée en 2011 sous le titre “De bons voisins. Enquête dans un quartier de la bourgeoisie progressiste” aux éditions Raisons d’Agir. Reposant sur une enquête de terrain dans un quartier gentrifié de Boston, cette étude retrace l’histoire d’un pouvoir local s’appropriant progressivement un espace et met au jour les transformations des stratégies de distinction sociale au sein des classes dominantes. Elle a ensuite commencé à s’intéresser à la «gay-friendliness » à Paris et à New York. Elle a coordonné la rédaction d’un rapport sur le sujet, rendu à la Mairie de Paris en janvier 2014 :
« Les hétéros du Marais, enquête sur la gay-friendliness » (avec Colin Giraud, Mathieu Trachman, Wilfried Rault), et a publié, en 2018, le livre qu’elle présentera (toujours aux éditions Raisons d’agir).
Quelles sont les diverses façons d’être “gayfriendly” ? Il existe des
attitudes différentes, en France et aux États-Unis, variables selon les âges, le sexe et les parcours de vie. L’acceptation de l’homosexualité,qui progresse indéniablement, n’est pas non plus réservée aux plus riches : ces derniers l’ont plutôt intégrée au
sein d’une morale de classe qui leur permet de se distinguer des
pauvres, des habitants des banlieues ou encore des populations racisées.
Interviewer des hétérosexuels de milieu aisé montre que, dans des espaces de tolérance et de mixité comme le Marais à Paris et Park Slope à Brooklyn, le contrôle n’a pas disparu : la sympathie s’exprime avant tout en direction de gays et de lesbiennes de même statut socioéconomique, qui manifestent leur envie de couple et de famille, et mettent en sourdine tout autre revendication. La “gayfriendliness” a donc fait reculer la violence et les discriminations ; elle accompagne aussi l’invention, par les femmes surtout, de modes de vie moins conventionnels. Pourtant, si elle a mis fin à certains préjugés, elle ne s’est pas encore complètement affranchie de ce qui reste un élément structurant de nos sociétés : la domination hétérosexuelle.
Réservation souhaitée à l’adresse courriel librairie@tulitu.eu
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles